rebiffer (se)

rebiffer (se)

⇒REBIFFER (SE), verbe pronom. et intrans.
A. — Empl. pronom., fam.
1. Marquer son refus de quelque chose et protester contre quelqu'un, quelque chose. Synon. se rebeller, regimber (fam.), se révolter; anton. céder. Se rebiffer contre qqn. Le petit eut un mouvement de révolte et, se rebiffant, sur un ton très vulgaire: — Non, mais, des fois... que vous me prendriez pour un voleur? (GIDE, Faux monn., 1925, p. 1000). Je n'ai pas la peste, peut-être! Elle se rebiffait: la protestation qu'elle n'avait jamais élevée contre Xavier bien portant, elle l'adressait à ce moribond (MAURIAC, Myst. Frontenac, 1933, p. 247).
2. Se redresser avec fierté, se rengorger. Un soldat qui se rebiffe sous les armes est un homme dont le port est martial entre tous (LARCH. 1859, p. 86). La R. F., bénéficiant, ce jour-là, de la bride laissée sur le cou du brave populo, se redresse, se rebiffe, comme on dit au régiment, se sent jeune de ses vingt ans (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mes hôp., 1891, p. 351).
B. — Empl. intrans., arg. Rebiffer (au truc). Recommencer. Synon. repiquer (au truc). Elle rapporte un nouveau rafraîchissement d'absinthe au chanteur: « Tiens, mon petit, rebiffe au truc, c'est moi qui verse » (FRANCE 1907).
REM. 1. Rebiffade, subst. fém. Var. de rebuffade. (Ds MOLARD, Mauv. lang. corr., 1810, p. 230). 2. Rebiffé, -ée, part. passé en empl. adj. Révolté. Mais c'est le désespoir qui a poussé là ma fillette! crie Mahaut toute rebiffée (DRUON, Louve Fr., 1959, p. 296). 3. Rebiffement, subst. masc. Fait de se rebiffer. Le marin se révèle, et sur les récriminations et sur le rebiffement des machinistes, il laisse échapper: « On voit que ce ne sont pas des soldats, la manœuvre ne se fait pas au sifflet » (GONCOURT, Journal, 1888, p. 875).
Prononc. et Orth.:[], (il se) rebiffe []. BARBEAU-RODHE 1930, se rebiffer [], []. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1200 rebiffer « relever, retrousser » (Garin Le Loherain, II, 229 ds T.-L.), répertorié par la lexicogr. comme ,,vieux mot`` dep. Trév. 1721; ca 1225 trans. fig. « repousser » (GAUTIER DE COINCI, Mir. Vierge, éd. V. Fr. Koenig, II Mir 24, 594), att. au XIIIe s.; puis b) av. 1640 se rebiffer « refuser » (SAINT-AMANT, Passage de Gibraltar ds Œuvres, éd. J. Lagny, t. 2, p. 191, 466); 2. 1846 intrans. rebiffer « recommencer, répéter » (Un détenu, Intérieur prisons ds ESN.). Orig. obsc.; prob. d'orig. onomat., peut-être comme le suggère BL.-W.1-5 d'un rad. baff- exprimant la moquerie, v. bafouer, plutôt qu'à rattacher à un verbe biffer « tromper » ca 1310 (GEOFFROI, Chron., éd. A. Diverrès, 7680: le bifa) dér., bien que celui-ci soit att. plus tard, de biffe « étoffe » d'où « fausse apparence » XVIe s. ds GDF. cette étoffe étant de moindre qualité, v. aussi G. DE POERCK ds Mél. Roques (M.) t. 4, pp. 187-208. L'hyp. d'un étymon biffe « griffe », biffer « griffer » (GUIR. Lex. fr. Étymol. obsc., s.v. biffer) manque de fondement, de même que celle d'un rattachement à l'a. nord. biffa, att. par le b. all. bäven « trembler », à cause du frémissement des naseaux des chevaux (EWFS2). Fréq. abs. littér.:81.
DÉR. Rebiffe, subst. fém., arg. Révolte, vengeance. Aller à la rebiffe. ,,Se révolter`` (LE BRETON 1960). Loc. À la rebiffe. En récidive. (Ds Lar. Lang. fr.). Il y a de la rebiffe. ,,Il y a récidive`` (CARABELLI, [Lang. pop.], s.d.). []. 1res attest. 1837 rebiffe « vengeance » (VIDOCQ ds SAIN. Arg., p. 99), 1844 (ID., Vrais myst. Paris, t. 3, p. 326: à la rebiffe: à la récidive); déverbal de rebiffer.
BBG. — BLOCHW.-RUNK. 1971, p. 354. — CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, p. 599 (s.v. rebiffe).

Encyclopédie Universelle. 2012.

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